Comprendre
Des exemples/outils pour
une gestion durable
Préserver et gérer les paysages
Des actions concrètes
On peut croire que le paysage est quelque chose de très abstrait. Pourtant, le moindre changement peut être très visible et parfois irréversible. Par exemple, dans le Grand Site de France Gorges de l’Hérault la pression foncière sur les terres agricoles grignote petit à petit le paysage de vignes, la déprise pastorale fait disparaître peu à peu les zones de pâturage au profit de la garrigue. C’est avec des réponses et des outils bien concrets que l’on travaille à la gestion et la préservation de ces paysages.
Dispositifs mis en place
– 01
Plan paysage et observatoire photographique des paysages
– 02
Restauration des terrasses en pierre sèche
– 03
Installation de bergers
– 04
Missions APC et veille sur les documents d’urbanisme
– 05
Protection de la biodiversité (Natura 2000 et protection de la ripisylve)
Le Plan de paysage
Le Plan de paysage est un outil qui permet de prendre en compte le paysage, qu’il s’agisse de sa protection, sa gestion ou de son aménagement, dans les politiques sectorielles d’aménagement du territoire (urbanisme, transports, infrastructures, énergies renouvelables, agriculture) à une échelle cohérente et opérationnelle du territoire et du bassin de vie.
Il permet d’appréhender l’évolution et la transformation des paysages de manière prospective et de définir le cadre de cette évolution, sous l’angle d’un projet de territoire.
La qualité paysagère étant par essence un élément transversal à de nombreuses politiques publiques, l’intérêt du Plan de paysage est de pouvoir ensuite décliner ses préconisations dans les différents documents de planification et d’urbanisme.
Ses objectifs
Après un diagnostic paysager complet du territoire réalisé en 2019, 5 grands objectifs de qualité paysagère ont été identifiés
– 01
VIURE (Vivre, habiter) – Maîtriser le développement urbain, planifier et reconquérir dans le respect de l’identité des villages et des paysages patrimoniaux
– 02
RELIGAR (relier) – Diffuser dans l’espace et dans le temps, voir et faire voir au-delà des gorges et de Saint Guilhem le Désert, au-delà de l’estival
– 03
ERAU (l’Hérault) – Retrouver, préserver et valoriser le fleuve vivant, colonne vertébrale du territoire
– 04
OBRIR (ouvrir) – Établir et promouvoir une stratégie de maintien ou d’ouverture des milieux et préserver le pastoralisme
– 05
EVOLUIR (évoluer) – Accompagner les transitions climatique et énergétique en cours, tout en préservant les paysages agricoles et viticoles, marqueurs identitaires locaux
C’est sur la base de ces objectifs que sont déclinées les actions opérationnelles qui seront mises en œuvre sur le territoire dans les années à venir. Elles prendront la forme de projets d’aménagements et de rénovations, d’opérations de sensibilisation et de formation, de création d’outils techniques et réglementaires…
Observatoire
photographique
des paysages
L’observatoire photographique des paysages (OPP) est un outil qui permet de suivre à moyen et long termes les évolutions des paysages et d’évaluer la portée des actions (construction, aménagement, protection etc.). L’observation régulière et méthodique du paysage est un outil original de discussion et d’orientation, permettant le constat et la prise de décision.
Ainsi, l’évolution des paysages peut donner à voir l’urgence d’agir! La méthode consiste à rephotographier les mêmes points de vue à espace de temps régulier (1 à 5 ans) dans les mêmes conditions (jour, luminosité, emplacements et techniques photographiques) afin de permettre une comparaison fiable et une analyse des mécanismes et des facteurs de transformation des espaces.
Son rôle
Il ne s’agit pas de photographier tout et n’importe quoi! L’OPP de la Communauté de Communes Vallée de l’Hérault s’est par exemple concentré à observer des évolutions du côté de l’étalement urbain, de la rénovation des coopératives viticoles, de la qualité des entrées de ville, des effets de la surfréquentation sur les sites patrimoniaux.
L’OPP créé en 2010 sur les communes de la Vallée de l’Hérault a été étendu en 2021 sur les communes des Cévennes Gangeoises et du Grand Pic Saint Loup pour représenter l’ensemble du territoire du Plan de Paysage. De nouvelles thématiques ont été identifiées telles que la fermeture des paysages de garrigue, la pression sur les milieux humides, le mitage des espaces agricoles et naturels et le développement des zones d’activité. Les variations saisonnières, liées à la fréquentation touristique, aux épisodes cévenols ou encore à la saisonnalité des cultures seront aussi pris en compte. Ces nouveaux points de vue seront un indicateur précieux pour suivre les objectifs du plan de paysage.
Gestion de la (sur)fréquentation d’un site fragile
Les chiffres clés
Le Grand Site de France Gorges de l’Hérault, c’est environ 700 à 800 000 visiteurs par an, principalement des excursionnistes venant à la journée. Parmi eux, 260 000 se rendent chaque année sur le site du pont du Diable pour se promener ou se baigner. La grande majorité se rend sur le site en période estivale et en voiture. Cela engendre une pression très forte sur une période très concentrée de l’année.
Des enjeux importants
Face à cet afflux important de visiteurs et afin de proposer à tous une découverte optimale et qualitative des gorges, les gestionnaires du Grand Site de France étudient depuis plusieurs dizaines d’années les possibilités de diminution de la pression des voitures au coeur des gorges et d’amélioration de la sécurité des personnes et des conditions de visite.
Pour répondre à cet enjeu, il est primordial de définir la capacité de charge du site, c’est-à-dire le nombre de personnes et de véhicules qu’un site peut accueillir sans détériorer plusieurs critères :
- l’acceptation par les habitants
- la fragilité de la biodiversité vivant ou utilisant le site
- la fragilité des sols et leur érosion
- la valeur patrimoniale du site (préservation des monuments historiques par exemple)
- tout simplement, la capacité physique ou géographique du site
Les solutions
mises en place
Dans les Gorges de l’Hérault, un premier plan de circulation et stationnement a été établi en 2004 autour du village de Saint-Guilhem-le-Désert. Il a permis de définir la capacité de charge du site, c’est-à-dire le seuil de visiteurs au-delà duquel les conditions sont dégradées, et de proposer des solutions.
– 01
Réorganisation des parkings en entrée du village de Saint-Guilhem, sur la base d’un seuil de 3 500 visiteurs / jour et 1 500 en simultané
– 02
Mise en place de dispositifs anti-stationnement sauvage
– 03
Création d’un pôle d’accueil du public sur le site du pont du Diable composé d’une Maison du Grand Site de France, d’un parking payant de 400 places et de chemins et passerelles permettant de circuler sur le site
– 04
Mise en place d’une navette gratuite entre le site du pont du Diable et le village de Saint-Guilhem-le-Désert ainsi que depuis Saint-Jean-de-Fos. Aujourd’hui fréquentée par plus de 100 000 visiteurs par an
– 05
Création d’une piste cyclable Aniane-pont du Diable
Dix ans plus tard, l’enjeu de desserte du cœur du Grand Site de France depuis le reste du territoire est devenu un enjeu majeur, notamment depuis la métropole montpelliéraine et les “villages-portes”. Le plan de circulation et de stationnement est donc en cours d’actualisation. Il devra veiller à évaluer l’impact et l’efficacité des aménagements en place, à construire une stratégie d’écomobilité et de multimodalité des transports à une échelle élargie à tout le Grand Site de France.
Une action groupée
Les communes ayant intégré le nouveau périmètre du Grand Site de France en 2018 travaillent aussi sur ces questions. La Communauté de communes des Cévennes Gangeoises et Suménoises a par exemple adapté un plan de circulation et de stationnement sur le hameau de Saint Etienne d’Issensac.
L’objectif est de mieux gérer le flux de visiteurs, préserver sa biodiversité et valoriser les points d’intérêts alentours (chapelle, pont, chemins, belvédères).
Mieux accueillir et sensibiliser à la richesse des patrimoines
La Maison du Grand
Site de France
La Maison du Grand Site constitue la porte d’entrée du Grand Site de France mais aussi de l’ensemble de la Vallée de l’Hérault. Espace d’accueil et de rediffusion sur le territoire, elle en est sa vitrine : présentation de l’offre touristique et culturelle, du patrimoine et de ses richesses locales. Le site se veut aussi être au service des visiteurs (parc de stationnement, navette gratuite, surveillance de la baignade, brasserie,…).
Elle a ouvert ses portes en 2009, à l’inauguration des aménagements du site du Pont du Diable. Conçue par l’architecte Rudy Ricciotti, elle est semi-enterrée, enchâssée dans le talus, avec une toiture végétalisée. Seule la façade vitrée, ses volets en bois bruts de châtaignier et sa tonnelle, sont visibles depuis le chemin piéton et depuis les berges de l’Hérault.
Ses usages
Avec Argileum, la Maison du Grand site a été labellisée « pôle d’excellence rurale », elle accueille aujourd’hui plusieurs usages à destination du public :
– 01
L’espace d’accueil de l’Office de Tourisme, lieu de découverte, d’interprétation, de vente et d’information touristique
– 02
le mas des agriculteurs : lieu de vente de produits locaux
– 03
La vinothèque : espace de dégustation
– 04
La brasserie du terroir : restaurant à base de produits locaux
Argileum
la Maison de la poterie
La Maison de la poterie, à Saint Jean de Fos est un centre d’interprétation immersif créé dans l’ancien atelier Sabadel, bâtiment inscrit au titre des Monuments Historiques.
Ce parcours ludique et interactif est ouvert au public depuis juillet 2011, et compte aujourd’hui plus de 8 000 visiteurs/an.
Pôle d’information et de pratique autour de la céramique locale, il délivre des informations de qualité adaptées à différents publics. Il constitue le lieu ressource en matière d’histoire de l’artisanat, des techniques et des matières, et illustre l’évolution du territoire du Moyen âge jusqu’au début du XXème siècle.